J'avais peiné à m'endormir ce soir là, ma journée avait pourtant été pas mal occupée, et j'avais eu pas mal de choses à faire. Il y avait eu pas mal d'agitation dans la journée et j'avais eu pas mal de monde à l'infirmerie. Mais j'aimais ça après tout. On me considérait comme la guérisseuse de bobos, si on avait des doutes sur quoi que ce soit. Des fois certains me prenaient aussi pour une psy. Ce que je n'étais pas mais qui pouvait s'avérer fort intéressant dans le cas ou ils décident effectivement à parler. Et donc, mes dossier se remplissaient rapidement et à vue d'oeil. Ma journée avait donc été fructueuse.

J'avais également saisi l'occasion pour remettre un peu d'ordre dans mes affaires et dans mon bureau. Ce que j'avais en effet fait. Un petit brin de ménage une fois de temps en temps. Oh je ne pouvais pas avoir d'instruments cautérisés ou hermétiquement scéllés, mais je faisais avec les moyens du bord. Je nettoyais toujours très bien ce dont je me servais, mais inévitablement un bon coup de balai s'imposait une fois tout les deux jours. Le sol était terreux, tout ce qu'il y avait de mieux pour nous humanoïdes qui pouvions marcher pieds nus, en contact même avec le sol, qu'est ce que c'était agréable et que ça faisait un bien fou!

Ma soirée avait été des plus calmes et reposantes pourtant, avec Byron nous avions pris le repas dans notre chambre, afin de nous ménager un petit peu de temps à nous deux. Un petit moment romantique, et puis surtout un endroit où nous étions sûr de ne pas être dérangés. Mais ce soir, se tenait également une réunion des élus. Veillant à ce que tout les humains soient bien endormis, ceux qui avaient le pouvoir soporifique nous assuraient une tranquillité. Et nous discutions donc des cas en cours, afin de rassembler les informations nouvelles que nous avions et surtout, l'avancement de nos rôles respectif. Quand sonna 3h du matin, nous nous séparions chacun retournant vers sa couche dans le plus grand silence et de manière très calme et discrète bien entendu.

Mais je ne parvenais pas à trouver le sommeil. Assise au bord du lit, les pieds au sol j'entendais la respiration régulière de Byron à mes côtés. Je souris puis m'habillant légèrement, je descendis vers mon cabinet. J'allais tuer le temps là bas c'était bien plus utile que risquer de déranger mon époux qui lui dormait profondément. Je passais donc une heure, assise près de ma petite lampe à bougie, à réécrire au propre des comptes rendus que je n'avais que pris à la hâte dans la journée. C'était peu, mais c'était déjà ça en moins à faire demain.

Tout d'un coup un bruit au loin éveilla mon attention. Mais je ne savais pas ce que c'était, regardant vers la porte ça avait été très bref, peut être qu'une des vaches avait fait tomber quelque chose dehors, je devais être la seule humanoïde, humaine … à être encore debout. Ou peut être même que je l'avais imaginé. Mon ouïe était pourtant assez développée, mais … en plein milieu de la nuit certains bruits ordinaires de la journée paraissent suspect! Mais je réalisais que je me trompais quand une bonne dizaine de minutes plus tard j'entendis quelqu'un toquer à la porte. D'un geste vif et alerte, je fermais les dossiers, qui n'avaient pourtant rien de spéciaux et bougie en main après avoir entendu quelqu'un appeler je me précipitais pour ouvrir la porte.

Quelle fut ma surprise quand je vis la jolie Vitalie devant moi. Une des rares à ne pas venir me voir souvent. D'un oeil aiguisé je l'observais et cernais tout de suite que le problème venait de sa cheville. Elle voulait avancer mais sans ne rien dire, je la stoppais net. Je lui tendis ma bougie puis, passant ma main derrière sa taille je l'aidais à avancer pour venir s'asseoir sur la table d'examen.

« Ca va Vitalie? Tu te sens bien? » je la laissais poser la bougie à côté d'elle sur la table et lui fit signe d'allonger sa jambe endolorie sur la paillasse. « Allonge toi, je reviens je vais chercher de quoi faire plus de lumière » je me précipitais dans l'arrière de mon infirmerie pour y prendre des bougies. Ausculter et faire un diagnostic dans le noir n'était pas aisé!

Bien sûr que je connaissais son prénom, même si ej en l'avais pas beaucoup vu à l'infirmerie, je connaissais le nom de tout le monde ici. C'était normal, j'avais un rôle important pour les plantes ici. Je devais connaître l'état de santé de tout le monde pour maitriser les choses au maximum. Et puis … personne ne pourrait jamais trouver ça suspect, je suis la responsable de leur santé. Je n'avais jamais rien fait de non professionnel. De toutes manières ce n'est pas de cette manière la que nous nous occupions des humains. Mais mon rôle était comme je viens de le dire, très important. Je souris doucement en voyant donc son étonnement au fait que je me souviennes de mon nom.

J'allais à côté chercher de quoi tout d'abord nous éclairer un peu plus, je ferai un aller – retour supplémentaire au cas ou il y avait besoin de plus de choses que son ma petite armoire. En revenant vers elle elle s'excusait mais je souris doucement.

« Ne t'inquiètes pas c'est pas grave, il faut mieux voir ce genre de choses dès que c'est arrivé. » je souris puis l'aidant à s'allonger entièrement sur la paillasse je mis les bougies près de nous et enflammais une torche que j'avais mise par habitude au dessus du lit pour les visites tardives. Et il semblerait que j'avais bien fait. Je tournais la tête vers mon bureau qu'elle regardais quand je l'entendis parler

« Oui, donc j'en ai profité pour être un peu productive. » je souris.

Posant mes mains sur ses jambes je les gardait parallèles. Je posais doucement mes mains sur la cheville qui semblait endolorie. En effet, elle avait bien enflé. Doucement je levais le pied sentant que Vitalie se crispait. Il me faudrait en savoir un petit peu plus sur la raison de cette blessure. Mais ça semblait tout de même pas en très bon état. Elle s'en remettrait bien entendu, mais il lui faudrait du temps.

« Comment est ce que tu t'es fait ça? » je la regardais elle semblait honteuse « T'inquiètes pas je veux juste savoir comment ça s'est passé afin de savoir comment te soigner au mieux. » je reposais avec précaution son pied et pris un bol et une poignée d'herbe dans l'armoire. J'allais déjà lui faire une pommade qui soulagerait la douleur. Mais d'abord un petit médicament pour la soulager immédiatement. Je lui tendis un verre d'eau ainsi qu'un morceau de racine à y mélanger.

« Ce n'est pas spécialement bon, mais tu verra ça va dissiper la douleur assez rapidement, en tout cas assez longtemps pour que je fasse la pommade » je lui tendis le verre d'eau dans lequel j'avais mis la racine qui se dissipait maintenant et dans le bol mélangeait les herbes, une substance un peu poudreuse et un filet d'eau. Malaxant ça avec les mains, je faisais rapidement une pâte. L'odeur était agréable. J'avais rajouté deux feuilles de menthe, ça ne changeait en rien la composition de la pommade et c'était plus agréable.

Je souris doucement en voyant sa tête piteuse et gênée quand elle m'avouait la manière dont elle s'était fait ça. Je rigolais doucement. Puis la regardant je posais ma main sur son épaule pour la rassurer

« Oh si tu savais le nombre de fois où j'ai été dans la réserve la nuit! » je souris tout en allant prendre tout ce dont j'avais besoin afin de la soigner. C'était bien enflé et ça commençait à être bleu. « La prochaine fois, pense juste à prendre de la lumière avec toi, ça sera plus efficace. » j'approchais mon visage de sa cheville pour mieux l'examiner, je devais la manipuler un peu et donc risquais de lui faire mal, mais j'était obligée, je préférais bien prendre toute mes précautions afin de ne rien louper. « Tu as de la chance, ça ne semble pas cassé. Mai sil va falloir beaucoup de repos et probablement un tout petit peu de rééducation. » je souris avec bienveillance.

Je pris tout ce dont j'avais besoin dont lui donnait la solution à base de racine à boire. C'était franchement pas bon, mais ça lui ferait du bien. Du moins, ceux qui en avaient pris, depuis plus de trente ans ne s'en étaient jamais plaints. Les mains plongées dans la pommade que je malaxais ardemment je l'écoutais.

« Azur. Azur Lawson. » je souris « C'est vrai que je ne t'ai pas souvent vu par ici » m'asseyant sur le bord de la table je continuais à malaxer, bientôt ça serait prêt. « Mais en soit ça n'est pas plus mal. Étant donné qu'on est à l'infirmerie! »

L'air était maintenant empli de menthe et faisait frissonner mon nez. C'était une odeur agréable. Je m'approchais d'elle et posais mon regard sur elle. « Bon je vais t'appliquer la pommade, ça va être un peu froid, enfin surtout frais. Mais ça soulage bien. » alors que je lui parlais je commençais doucement à en enduire sa cheville enflée. « Ça va? N'hésite pas à me dire si jamais tu as mal. »

Une fois fini je posais à nouveau son pied sur la table. « Pour le moment on va laisser ça reposer tranquillement. Je mettrai un bandage demain matin, pour le moment il faut que ça respire. »

Oh i n'y avait pas de honte à se relever dans la nuit. Ca arrive. Du moins moi ça m'arrive assez souvent alors je serai plus que mal placée pour pouvoir dire quoi que ce soir la dessus. Je sentis un peu qu'elle était étonnée, mais quoi? J'aurai du ne pas être contente et l'engueuler? Non nous vivions libre – enfin tout est relatif pour ce qui est de nos chers humains mais ils ne le savent pas bien entendu – alors je n'allais certainement pas faire des histoire parce qu'elle avait voulu aller prendre de quoi grignoter en pleine nuit.

Je souris. « Oui en général la nuit c'est fait pour dormir. Oh tu n'as pas mangé hier soir, je vois » je souris plus largement « Tout s'explique. »

« Je ne pense pas que ça devrait poser de problèmes étant donné que tu ne le fait pas avec tes pieds je suppose » ce fut à mon tour de rire légèrement « On va quand même bien voir comment ça évolue. »

Je finissais par enfin pouvoir lui appliquer la pâte que j'avais confectionnée en prenant soin de ne pas lui faire mal. Je la regardais avec attention afin de déceler tout de même un signe avant coureur de douleur, au cas ou. « Oh non, personne ne mérite d'avoir mal! » dis-je en souriant et en terminant d'appliquer la pommade.

« Oh, je me suis mal exprimée excuse moi, il n'est absolument pas question que tu bouges d'ici pour au moins deux ou trois jours. Ta cheville doit se reposer! D'ailleurs on va plutôt t'installer dans la petite chambre à côté. » je souris puis m'approchais d'elle. « Oh non attend je vais me laver les mains ou je vais t'en mettre partout. » dis-je en souriant gênée. Je me dépêchais d'aller me laver les mains et de les essuyer, le contact de mains mouillées et donc froides n'était pas agréable. Je revenais près d'elle et passais ma main gauche autour de sa taille au niveau de son bassin que je tenais fermement et mon bras droit sous ses genoux pliés. « Accroche toi bien à moi, on va y aller. »

Doucement et avec précaution je la soulevait. Oui sans efforts, elle n'était pas bien lourde et puis, j'était beaucoup plus forte qu'il n'y paraissait. Doucement je l'amenais dans la chambre à côté. Elle était déjà éclairée et un petit peu plus chaleureuse. Il y avait un lit et un petit lavabo ainsi qu'une table. Je la déposais doucement sur le lit. « Ca va? » je me retournais pour prendre sur l'étagère une couverture et un oreiller afin de les lui donner. « Bon, je vais aller te prendre quelque chose à manger à la réserve. Qu'est ce que tu veux manger? »

Je souris doucement en la regardant, oh tout en moi était faux pourtant, je n'avais que de la haine et de l'aversion pour les humains. Sauf peut être pour la petite Mélody, mais bon c'était une humaine tout de même. J'étais gentille, et je rassurais tout le monde c'était mieux. Au moins comme ça j'avais plus d'informations. C'était super. Oh mais je paraissais sincère et j'essayais de l'être, mais disons que … chassez le naturel il revient au galop! J'étais comme j'étais, je n'aimais pas les humains c'était simple, non?

Elle me disait qu'elle ne ferait pas la difficile et qu'elle prendrait n'importe quoi qui se mange. Je souris puis hochais la tête. Si elle me proposait de manger avec elle je n'allais pas refuser. Bien loin de là ça me permettrais d'en connaître un peu plus sur elle. Je me levais donc après lui avoir donné une autre bougie car celle qui brûlait allait bientôt finir.

Je me dirigeais vers la réserve et trouvais quelques biscuits que Lyle avaient fait. C'était assez étrange qu'un homme qui paraît si grossier et couche à droite et à gauche soit un si bon cuisinier. Je trouvais dans la cuisine deux morceaux de viande du repas de ce soir, du porc grillé ainsi que quelques céréales. C'est pas grand chose bien sûr, mais c'est déjà ça. Je réchauffais la viande sur la gasinière improvisée et disposais la nourriture dans deux assiettes. Je les pris dans la main ainsi que les biscuits et un pichet d'eau et me hâtais à nouveau vers elle.

« Désolée d'avoir été longue, j'ai trouvé de la viande alors je l'ai fait réchauffer. »

J'allais prendre le plus grand soin que je pouvais de mon invitée. Enfin , de ma patiente disons. Et pour le moment ça voulait dire aller lui procurer de la nourriture. Je pouvais me montrer étonnamment maternelle envers les humains ce que l'on trouve étonnant pour ceux qui me connaissent vraiment. Je déteste les humains, j'ai vraiment une haine contre eux. Et je ne sais pas vraiment pourquoi. A croire que c'est dans mes veines, après les dommages que nous, les plantes, la Nature en entier à subi à cause de cette espèce faible … mais revenons à nos mouton, ou plutôt notre humaine qui se repose tranquillement dans l'arrière boutique.

Et j'étais de retour et lui tendais une assiette avec la nourriture dedans. Je souris en entendant sa réponse puis en la voyant essayer de se lever. Mauvaise idée, très mauvaise idée elle venait de se faire mal. Je l'aidais à faire glisser la table vers elle pour l'aider à manger. Quand à moi je m'assis sur le coin du bureau et posais l'assiette sur mes genoux. Prenant la fourchette et le couteau je commençais à manger doucement.

« Tu me diras si c'est plus chaud j'irai réchauffer ton assiette. » je souris puis mangeais quelques bouchées. « Ca va, c'est bon? » demandais-je entre deux bouchées.

Je l'examinais doucement, elle semblait avoir encore un petit peu mal, mais ça devrait passer. Néanmoins je préférais la garder en observation, quelques jours, il serait imprudent de la laisser repartir, de toutes manières elle ne pouvais pas bouger là. Je posais mon assiette à moitié finie à côté de moi puis me levais pour remplis deux verres d'eau et lui en tendre un en souriant

« Voilà tiens, ça fera passer la nourriture et puis un petit peu d'eau rafraichira le gosier. »

Je savais qu'il fallait que j'engage éventuellement la discussion, je ne savais pas trop sur quoi mais j'avais besoin de savoir plusieurs choses sur elle. « Alors comme ça tu es styliste? » demandais-je toute sourire « Tu fais quelles genre de choses, enfin d'habits? » je souris gênée « Désolée je ne sais pas du tout comment ça s'appelle. »

Je l'observait. Doucement, en cachette parfois même. Mais je continuais doucement à manger, ça n'était pas de la grande cuisine, surtout réchauffée, mais je n'avais pas eu le cœur de réveiller Lyle qui se serait posé et m'aurait posé beaucoup trop de questions. Je hochais la tête en l'entendant me dire que c'était bon. En très peu de temps je finis mon assiette. Oui je mangeais assez rapidement, mais … comme pour toute humanoïde, c'était pas la nourriture dont j'avais réellement besoin. Ça me satisfaisait, mais pas entièrement. Et pas toujours. En l'occurrence pas du tout, mais en même temps je n'avais pas faim. Pour m'occuper je me levais pour lui donner un verre d'eau et m'en servir. Voilà qui me rafraichissait le gosier beaucoup plus. L'eau était … comment dire … essentielle. Je ne pourrais vivre sans, et pas seulement parce que je suis une plante.

« Je t'en prie » dis-je en prenant une bonne gorgée d'eau. Puis je lui demandais de m'expliquer un petit peu plus en quoi consistait son métier de styliste. Est ce que ça avait un intérêt ici? Aucune idée mais je me garderait bien de le dire. Si certes elle était humaine et donc de la nourriture potentielle, j'étais curieuse et j'aimais en savoir le plus possible sur tout le monde. Elle m'expliquais un petit peu et je continuais à boire de l'eau. Je me levais pour m'en resservir et me retournais pour lui proposer d'en faire de même, mais elle n'y avait presque pas touché.

« C'est bien d'avoir une passion » dis-je sincèrement. C'était absolument vrai, c'était très bien et très utile ici. « Oh elle doit être magnifique! » dis-je en l'entendant parler de son travail en cours. « L'inspiration se lit dans votre voix. C'est excitant, je suis sûre que ça sera un franc succès. » mais je fus surprise de l'entendre dire que la robe m'irait bien et je me mis à rougir. Bizarre moi qui ne rougis jamais en général, non là elle m'avait prise « en traître » je ne m'y attendais pas le moins du monde. « Ah bon? » dis-je un peu gênée avant de boire un peu d'eau pour dissiper cette gêne. « Je te l'achèterai éventuellement alors » dis-je un sourire aux lèvres.